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在Paul Jorion【1】的博客上读到一篇题为“白马非马”的博文,翻译如下:
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“白马非马” - PAUL JORION
我们的西方思维建立在将身份认同锚定在“物质(substance)”原则上。尽管“形式(forme)”随时间发生了变化,但“物质”的连续性保证了照片中的这个婴儿是我! 赫拉克利特揭示了我们在这方面缺乏严谨性:我们相信我们依附于“物质”,但我们却只关注“形式”:同一条河中不沐浴两次,我们根据其“形式”保留其“名称”,而其“物质”却永不停止涌向大海。
在中国传统思想中,事物(在语言的表达中特征就是属性)是“原则(principe)”,独立于其表现的物质和形式而存在,因此,相同的原则在冬天像田鼠一样出现,而在春天回来时又像云雀一样出现。 我们西方人在同一原则的形式变化中读周期性的嬗变(métamorphose):范德梅尔施(Van der Meersch)观察中国占卜:
“然而,虽然“七”被认为是年轻的男性原则,只能发展到“九”,但“九”被认为是老年的男性原则,准备转变为“八”。 同样,“八”被认为是年轻女性原则,最多只能集中到“六”,而“六”被认为是老年女性原则,准备转变为“七男性原则。”
苏东坡(宋朝,对应于我们的中世纪)
“山,岩石,竹子,树木,水面上的涟漪,薄雾和云朵,所有这些自然界的东西都没有固定的形式; 但是它们每个都有一条恒定的内部线条,就是这个指导画家的思想“。
当我们想按照中国的概念表达事物时,我们不得不诉诸于句式(4):“空气中有春天”,虽然日历仍然只显示3月12日, 但“printanéité”的原则提早体现出来了。
原则可以组合:当“马”遇到“白”时,就有“白马”。 当“马”遇到“牛”时,我们有了“牵引动物”。 著名的哲学家公孙龙(他在亚里士多德去世前几年出生)提出了一个悖论:“白马非马”,以古汉语的形式更为明显:“白的马不是马”。 显而易见,因为两个原则必定不止一个原则。
他的对手利用了公孙龙忽略的一个区别:区分了渗透性原则和非渗透性原则:当“渗透性”(如白色)与“非渗透性”(如马类)相遇时,他们说,没有得到更多, 与两个不可渗透性原则结合时所观察到的相反,例如,马和牛。 他们当然错了:牵引动物的原则不是按集合论把马类和牛类加起来得到的,而是根据相交:在白色与马类相交得“白马”,马类与牛类相交得“牵引动物”的原则。
公孙龙说得对:“白马非马”,它有效地结合了两个原则,因此比单纯的马丰富 - 至于白马少于马的事实是另一层次的考虑:外延的扩展问题,不是原则的考虑。
【1】Paul Jorion (1946 - ) ,比利时社会学博士,人类学家、人工智能专家、经济学家,2005年预言了次贷危机,曾执教于布鲁塞尔、剑桥、巴黎3大等多所大学,出版过《从另一个角度思考经济》、《深渊中的资本主义》、《最后一个走的人请关灯》等。
注:感谢朋友Louis Baslé对译文的建言。
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UN CHEVAL BLANC (CHINOIS) N’EST PAS UN CHEVAL
Notre pensée occidentale est fondée sur le principe que l’identité est ancrée à une substance. Bien que la forme ait changé au fil des années, la continuité de la substance garantit que ce bébé sur la photo, c’est déjà moi ! Héraclite a dénoncé notre manque de rigueur sur ce plan : nous croyons nous attacher à la substance, alors que nous n’avons d’yeux que pour la forme : on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, nous lui conservons son nom en fonction de sa forme alors que sa substance n’en finit pas de se précipite vers la mer.
Dans la pensée traditionnelle chinoise, la chose – dont le caractère qui la représente dans la langue est l’un des attributs – est un principe qui existe indépendamment des substances et des formes sous lesquelles il se manifeste. Ainsi le même principe apparaît comme rat des champs en hiver et comme alouette dès que revient le printemps. Nous, Occidentaux, lisons dans le changement de forme d’un même principe, une métamorphose cyclique : Van der Meersch observe à propos de la divination chinoise :
« Cependant, alors que le sept était considéré comme le principe male jeune, ne pouvant que se développer jusqu’à neuf, neuf était considéré comme le principe male vieilli, prêt à se muer dans le principe femelle huit. De même, huit était considéré comme le principe femelle jeune, ne pouvant que se concentrer jusqu’à six, alors que six était considéré comme le principe femelle vieilli, prêt à se muer dans le principe male sept ».
Su Tung-po (dynastie Sung, correspondant à notre Haut Moyen Age) écrivait
« Montagne, rocher, bambou, arbre, rides sur l’eau, brumes et nuages, toutes ces choses de la nature n’ont pas de forme fixe ; en revanche, elles ont chacune une ligne interne constante. C’est cela qui doit guider l’esprit du peintre » .
Quand nous voulons exprimer les choses selon la conception chinoise nous devons recourir au partitif : « Il y a du printemps dans l’air », disons–nous, alors que le calendrier n’affiche encore que le 12 mars mais que le principe de la « printanéité » s’est manifesté prématurément.
Les principes peuvent se combiner : quand « du cheval » rencontre « du blanc », nous avons « du cheval blanc ». Quand « du cheval » rencontre « du bœuf », nous avons « de l’animal de trait ». Le fameux philosophe Koung–soun Loung (il naît quelques années avant la mort d’Aristote) avait proposé le paradoxe « Un cheval blanc n’est pas un cheval », plus évident sous la forme du chinois archaïque : « du cheval du blanc n’est pas du cheval ». Ce qui va de soi puisque deux principes sont nécessairement davantage qu’un seul.
Ses adversaires faisaient prévaloir une distinction que Koung–soun Loung ignorait : celle qui sépare les principes pénétrables et impénétrables : quand un « pénétrable » comme la blancheur rencontre un « impénétrable » comme l’équinité, affirmaient–ils on n’obtient pas davantage, contrairement à ce qui s’observe lorsque les deux principes sont impénétrables, comme avec cheval–bœuf. Ils se trompaient bien entendu : le principe de l’animal de trait ne combine pas l’équinité et la bovinité selon leur union comme s’exprime la théorie des ensembles, additionnant l’ensemble des chevaux à celui des bœufs, mais selon leur intersection : là où la blancheur intersecte l’équinité, nous avons « du cheval blanc », là où l’équinité rencontre la bovinité, nous trouvons le principe de l’animal de trait.
Koung–soun Loung avait raison : « Le cheval blanc (chinois) n’est pas un cheval », il combine effectivement deux principes et est donc davantage que le simple cheval – le fait que les chevaux blancs soient moins nombreux que les chevaux est une considération d’un autre ordre : une question d’extension, ce n’est pas une considération de principes.
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(1) J’en parle plus longuement dans « Typologie des savoirs et transmission informatique », in D. Chevallier (ed.), Savoir faire et pouvoir transmettre, Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 1991: 169-187 ; également sur ma page Internet.
(2) van der Meersch, L., « De la tortue à l’achillée », in Divination et Rationalité, Le Seuil, Paris, 1974 : 29-51
(3) Cheng, F., Vide et plein, le langage pictural chinois, Le Seuil, Paris, 1979 : 44-45
(4) Cette découverte essentielle est due à Chad Hansen, voir Language and Logic in Ancient China, Ann Arbor : The University of Michigan Press, 1983
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